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suppliant ne se sépare de la commune supplication civique. La formule de la supplication chrétienne, et plus généralement de la lamentation chrétienne, et originairement de la lamentation messianique, sera donnée, parfaite aussi et dans toute sa pureté, comme dans toute sa plénitude, dans le Misereor super turbam. Je pleure, j’ai pitié sur la foule. Misereor super turbam : quia ecce jam triduo sustinent me, nec habent quod manducent. Marc, VIII, 2. J’ai pitié sur la foule : parce que voilà déjà trois jours qu’ils me soutiennent, et ils n’ont pas de quoi manger. Et les lamentations des Anciennes et de la Nouvelle Écritures, sur la ruine de Jérusalem, si merveilleusement reprises dans les chœurs et dans les récitations d’Athalie, les lamentations sur Jérusalem vidée.

De sorte que vous ne m’éveillez pas dormant dans le sommeil ; mais sachez que j’ai versé beaucoup de larmes, et que j’ai enfilé beaucoup de routes dans les errements de la souciance. Mais le seul remède qu’en bien considérant j’ai trouvé {je trouvais), celui-là, je l’ai fait : car le fils de Ménécée, Kréon, mon beau-frère, je l’ai envoyé…

Ce Créon, son beau-frère, et ceci soit dit sans offenser personne, ce Créon qu’il envoie en ambassade extraordinaire, ce Créon, c’est un grand-duc, tout simplement. C’est le perpétuel grand-duc. C’est le prince du sang. C’est Monsieur, frère du roi. C’est Gaston d’Orléans. Ce Créon, qui succédera, la catastrophe arrivée, c’est la branche cadette toujours prête à succéder, ce sont les perpétuels d’Orléans, les quatre familles succes-