quotidiens, le monde ennemi et parent des soucis familiers.
Comment en l’espace d’un matin tout le monde, j’entends tout le monde ainsi dénombré, sut que la France était sous le coup d’une invasion allemande imminente, c’est ce que je veux d’abord noter.
Nous étions arrivés pensant à tout autre chose ; on a tant à faire en un commencement de semaine, surtout après une légère interruption ; la vie est si chargée ; nous ne sommes pas de ces grands génies qui avaient toujours un œil sur le tsar et l’autre sur le mikado ; les destins des empires nous intéressent énormément ; mais nous sommes tenus de gagner notre pauvre vie ; nous travaillons du matin au soir ; nous faisons des journées de beaucoup plus de huit heures ; nous avons, comme tous les honnêtes gens et les simples citoyens, beaucoup de soucis personnels ; on ne peut pas penser toujours aux révolutions de Babylone ; il faut vivre honnêtement la vie de tous les jours ; elle est grise et tissée de fils communs.
La vie de celui qui ne veut pas dominer est généralement de la toile bise.
Tout le monde, ainsi compté, tout le monde en même temps connut que la menace d’une invasion allemande est présente, qu’elle était là, que l’imminence était réelle.
Ce n’était pas une nouvelle qui se communiquât de bouche en bouche, que l’on se communiquât, latéralement, comme les nouvelles ordinaires ; ce que les gens qui se rencontraient se communiquaient, ce n’était pas la nouvelle, ce n’était que la confirmation, pour chacun d’eux, d’une nouvelle venue de l’intérieur ; la connais-