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commande aujourd’hui, qui commandera toujours, ont beaucoup effacé, quelquefois totalement, ont violemment chassé de nos mémoires tant d’essais antérieurs. On a aisément reconnu ici les ébauches, les premières exécutions de tant de poèmes demeurés seuls célèbres. Ensuite. On ne saura jamais combien de fois il a fait certains poèmes, avant de les faire, avant que cette fois fût pour la bonne fois. On oubliera toujours par quelles montées il montait quotidiennement, jusqu’au jour, seul aujourd’hui connu, seul commémoré, où enfin cette montée, officiellement, devint une ascension.

Tout au long de cette montée, la pensée de Napoléon le poursuivit ; et elle ne le quitta point pendant son ascension même. Pour moi cette présence perpétuelle de Napoléon, manifestée dans les poèmes même où il n’a que faire, est pour moi l’indice d’une incontestable hantise.

Juin 1839 — Il y avait déjà une ode à la colonne de la place Vendôme, parva magnis, livre III, ode septième, dans les Odes et Ballades ; février 1827 :

Prenez garde, étrangers : — nous ne savons que faire !
La paix nous berce en vain dans son oisive sphère,
L’arène de la guerre a pour nous tant d’attrait !
Nous froissons dans nos mains, hélas ! inoccupées,
Des lyres à défaut d’épées !
Nous chantons comme on combattrait !

Mêmes Odes et Ballades, mon enfance, Voilà que tout cela est passé… mon enfance n’est plus ; elle est