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Il y a là, envers la guerre et les soldats, une duplicité insupportable, presque universellement répandue. Elle est si commode. Ces militaires servent d’amusement, de repoussoir, d’inspiration. Par eux on peut se procurer : des fêtes somptueuses ; de la bonne renommée en faisant du zèle, de la vertu pacifistes, antimilitaristes ; des imaginations censément aventureuses, presque aventurées.

Il y a communément aujourd’hui, dans cette consommation du monde moderne, une duplicité insupportable envers la guerre et les militaires. Il faut être pour ou contre la guerre. Loyalement. Toute situation double est une situation fausse. Toute situation double est une situation déloyale.

Il faut être pour ou contre la guerre, pour ou contre les militaires. Notre collaborateur M. Charles Richet est contre la guerre, contre les militaires. Au moins, avec lui, on sait à quoi s’en tenir.

Notre collaborateur M. Charles Richet est contre. Cela se voit dès le premier mot de son cahier. Aussi n’a-t-il aucune tendresse, aucune faiblesse, aucune affection, secrète, pour les pompes ou pour les grandeurs militaires. Sa situation est parfaitement loyale, étant parfaitement simple. Pour moi, prévoyant que nous aussi nous aurions à parler cette année de la guerre et de la paix, de la patrie et de l’humanité, et de la relation de la patrie à l’humanité, je tenais expressément à ce que la thèse du pacifisme le plus pur fût présentée dans ces cahiers au commencement de cette série ; qu’elle en fît pour ainsi dire l’ouverture, ou, pour parler un langage plus noble, étant plus contemporain, l’introduction ; sans abuser d’un mot qui a été galvaudé irrémédiablement depuis trente années, je tenais expressément à ce