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demi spontanée, demi calculée, demi négligée, du portefeuille de l’intérieur et de la présidence du conseil à un sénateur ancien ministre de l’instruction publique, vague, de piètre souvenir, M. Justin-Louis-Émile Combes ; j’aurais examiné, plus généralement, et plus durablement, si la politique financière de M. Rouvier n’a point commandé tout le gouvernement de la République depuis la constitution même du ministère Combes, si elle n’a pas été, pendant longtemps, le seul frein, si, pendant longtemps, seule elle n’a pas fait la limitation inférieure du combisme ; si, plus généralement encore, et plus durablement, toute notre politique n’était pas commandée, depuis plusieurs années déjà, par les plus grosses difficultés financières, par les menaces budgétaires les plus graves ; aggravées encore par tant de promesses de tant de réformes onéreuses ; les vertus démocratiques surchargeant les vices financiers, et les vices démocratiques surchargeant les vertus financières, de telle sorte qu’en dernière analyse vertus et vices, démocratie et finance, tout retombe en alourdissement sur le dos du contribuable ; d’où je serais revenu sur les dissensions intérieures du cabinet si singulièrement constitué par M. Combes, et si singulièrement commandé ; si rebelle, si mal obéissant, si mal en mains, si désobéissant, et, en même temps, si obéissant ; j’aurais examiné particulièrement l’opposition systématique de M. Rouvier au combisme ; enfin passant au ministère de M. Rouvier, un peu fatigué, j’aurais marqué la détente, le relâchement, peut-être un peu trompeur, qui suivit le départ de M. Combes ; je m’y serais reposé comme tout le monde, à tort, peut-être ; à tort sans doute, car un orage montait, que nul de nous ne voyait venir ; et