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encore, était profondément plus dangereuse que toutes les formes jusqu’ici connues et classées ; comment elle se manifestait ; comment elle était organisée ; comment elle agissait ; par quels procédés ; ou même par quelles méthodes ; comment elle culminait et redescendait en rayonnant ; en quoi elle ressemblait aux formes connues ; en quoi elle était nouvelle ; que le gouvernement de la République et les véritables, anciens, traditionnels et religieux républicains, je veux dire les hommes qui avaient cette religion véritable de la République, à force d’avoir les regards fixés sur les anciennes réalités, sur les menaces récentes, sur les intentions présentes, sur les apparences nouvelles du césarisme militaire, à force d’en être effrayés, épouvantés, fascinés, devaient immanquablement tomber, et tout innocemment, dans les réalités du césarisme civil ; qui est le plus dangereux, du césarisme militaire ou du césarisme civil ; que c’est peut-être le césarisme civil ; justement parce que jusqu’ici on s’en est méfié beaucoup moins ; de l’innocence morale des vieux républicains ; et aussi de leur innocence mentale, que nous nommons communément de l’ignorance ; que par peur et par fascination du césarisme militaire cette ignorance devait infailliblement tomber dans le césarisme civil ; que par peur et par fascination du césarisme en épaulettes, elle devait infailliblement tomber dans le césarisme en veston ; qu’il est aujourd’hui démontré qu’un homme peut impunément exercer un césarisme impitoyable dans la République, pourvu qu’il ne soit pas bel homme, qu’il ne soit pas militaire, qu’il porte mal même les tenues civiles, surtout qu’il ne sache pas monter à cheval ; enfin, qu’on puisse le nommer le petit père Untel ; qu’au