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l’on en vient très bien, comme les terres modernes, à se passer de jachères.

À mon corps défendant, par le ministère de ces cahiers, je suis devenu tout de même un petit peu un journaliste ; c’est-à-dire un homme qui suit les événements ; je ne m’en défends pas ; je ne dois en avoir ni honte ni remords ; journaliste de quinzaine, si l’on peut dire, je ne renierai pas le métier que je fais ; journaliste de mois ou de semestre, journaliste enfin, ma misère est la misère commune : il faut que je suive les événements, excellent exercice pour achever de se convaincre que vraiment les événements ne nous suivent pas.

Ils ont sans doute autre chose à faire ; mieux ou plus mal ; journaliste, quinzenier ou de semestre, je ne pouvais laisser tomber cette législature et se préparer les prochaines élections sans essayer de jeter en arrière un regard d’historien sur les événements de ces quatre dernières années ; un assez grand nombre de ces événements me paraissaient importants, sérieux ; à mesure qu’ils se produisaient ils m’avaient semblé importants ; je n’étais pas bien sûr qu’ils me le parussent autant aujourd’hui ; mais, dans notre misérable métier, nous devons faire semblant de le croire ; d’eux-mêmes ils s’organisaient, s’échelonnaient, dessinaient le plan du cahier que j’avais à faire ; vraiment ce cahier était tout fait, comme ces cahiers que certains auteurs m’apportent ; il n’y avait plus qu’à l’écrire ; c’est-à-dire qu’il n’y avait plus qu’à le faire ; la démission du waldeckisme et le commencement du combisme ; comment le combisme se prétendait la droite filiation du waldeckisme ; sincèrement peut-être, au moins pour certains hommes, et pour certaines circonstances, et pour