Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suppose espèce, pluralité d’individus ; il y aurait donc plusieurs univers ! Mais que la masse infinie produise une sorte d’exsudation générale, à laquelle, faute de mieux et par suite d’un anthropomorphisme inévitable, nous donnons le nom de conscience, c’est ce que les faits généraux de la nature semblent indiquer. Tout dans la nature se réduit au mouvement. Oui certes ; mais le mouvement a une cause et un but. La cause c’est l’idéal ; le but, c’est la conscience.

Philalèthe.

« Je me dis souvent que si le but du monde était une course aussi haletante que vous le supposez vers la science, il n’y aurait pas de fleurs, pas d’oiseaux brillants, pas de joie, pas de printemps. Tout cela suppose un Dieu moins affairé que vous ne croyez, un Dieu déjà arrivé, qui s’amuse et jouit d’un état acquis définitivement.

Eudoxe.

J’irai plus loin que vous, et je réclamerai au centre de l’univers un immotum quid, un lieu des idées, comme le voulait Malebranche. On revient toujours aux formules de ce grand penseur, quand on veut se rendre compte des relations de Dieu et de l’univers, de l’individu avec l’infini. Croyez-moi Dieu est une nécessité absolue. Dieu sera et Dieu est. En tant que réalité, il sera ; en tant qu’idéal, il est. Deus est simul in esse et in fieri. Cela seul peut se développer qui est déjà. Comment, d’ailleurs, imaginer un développement ayant pour point