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qui est éternel. La conscience a un rapport avec l’espace, non qu’elle réside en un point, mais elle sent en un espace déterminé. L’idée n’en a pas ; elle est l’immatériel pur ; ni le temps ni la mort ne peuvent rien sur elle. L’idéal seul est éternel ; rien ne reste que lui et ce qui y sert.

« Consolons-nous, pauvres victimes ; un Dieu se fait avec nos pleurs.

Euthyphron.

« Les savants positivistes auront toujours une difficulté capitale contre ce que vous venez de dire, et aussi contre plusieurs des vues que nous ont développées Philalèthe et Théophraste. Vous prêtez à l’univers et à l’idéal des volontés, des actes qu’on n’a remarqués jusqu’ici que chez des êtres organisés. Or rien n’autorise à regarder l’univers comme un être organisé, même à la manière du dernier zoophyte. Où sont ses nerfs ? Où est son cerveau ? Or, sans nerfs ni cerveau, ou pour mieux dire sans matière organisée, on n’a jamais constaté jusqu’ici de conscience ni de sentiment à un degré quelconque.

Théoctiste.

« Votre objection, décisive contre l’existence des âmes séparées et des anges, n’est pas décisive contre l’hypothèse d’un ressort intime dans l’univers. Cette impulsion instinctive serait quelque chose de sui generis, un principe premier comme le mouvement lui-même. Ce n’est jamais que par métaphore que nous avons pu présenter l’univers comme un animal. Animal