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du savant sont mon bien ; les triomphes de l’ambitieux me sont une fête. Je serais fâché que quelque chose manquât au monde ; car j’ai conscience de tout ce qu’il enferme. Mon seul déplaisir est que ce siècle soit si bas qu’il ne sache plus jouir. Alors je me réfugie dans le passé, dans le XVIe siècle, le XVIIe, dans l’antiquité ; tout ce qui a été beau, aimable, juste, noble me fait comme un paradis. Je défie avec cela le malheur de m’atteindre ; je porte avec moi le parterre charmant de la variété de mes pensées.

philalèthe.

« Vous avez cherché à montrer sous quelles formes on peut rêver une conscience de l’univers plus avancée que celle dont la manifestation est l’humanité. On m’a dit que vous possédez même un biais pour rendre concevable l’immortalité des individus. »

Nous ne pouvons pas laisser, même pour aujourd’hui, cette immortalité des individus ; car ce dogme de l’immortalité individuelle fait le point critique de presque toutes les doctrines ; c’est là que le critique attend le métaphysicien ; car c’est là que se révèlent les arrière-plans de l’espérance ; particulièrement ici le dogme de l’immortalité individuelle fera le point critique de la doctrine ; c’est à ce dogme en effet que nous allons reconnaître comment, dans les rêves de ce Théoctiste, l’humanité ou la surhumanité Dieu obtient sa mémoire totale ; nous y voyons dès les premiers mots qu’elle ne l’obtient point par une réelle résurrection des individus réels, qu’elle ne l’obtient point proprement par ce que