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si l’on admet la résurrection des morts, et le miracle, ce ramassement de toute la mémoire des créatures peut s’obtenir sans passer par l’intermédiaire de l’histoire ; puisque ce sont les mémoires individuelles mêmes qui resservent ; il n’y a pas à rapprendre ; mais si, ce qui est, je pense, la position de Renan, nous ne croyons pas en Dieu, si nous n’admettons pas la résurrection personnelle, individuelle des morts, en un mot si de notre entendement nous rejetons le miracle, il n’y a plus aucun moyen d’obtenir ce ramassement de toute la mémoire sans passer par l’intermédiaire de l’histoire ; le couronnement et l’arrêt de la création s’obtient par la fabrication d’un historien Dieu ; Renan dirait : d’un Dieu historien ; mais pour nous, et pour ce que nous en faisons, cela revient au même ; je crois même que dans la formation de la pensée de Renan, c’est l’historien qui s’est haussé et Dieu, qui a culminé en Dieu, qui s’est fait Dieu, bien plutôt que ce n’est Dieu qui s’est incarné en historien.

« Déjà nous participons à la vie de l’univers (vie

Voire il faut que je me résolve à découper ici mon exemplaire :

Déjà nous participons à la vie de l’univers « (vie bien imparfaite encore) par la morale, la science et l’art. Les religions sont les formes abrégées et populaires de cette participation ; là est leur sainteté. Mais la nature aspire à une communion bien plus intense, communion qui n’atteindra son dernier terme que quand il y aura un être actuellement parfait. Un tel être n’existe pas encore, puisque nous n’avons que