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traditionnel, se soit radicalement éliminé pour quelques embêtements ; devons-nous croire, si nous reconnaissons en France quelques manifestations de catholicisme, que tout ce catholicisme est importé artificiellement de Rome ; et quand même, à la rigueur, il serait importé artificiellement de Rome ; comme tout le monde je suis excédé de ce Rome ; comme tout le monde j’ai envie d’envoyer à M. Clemenceau une carte postale illustrée non point par le Photo-Bromure, mais de ce simple vers manuscrit :

Rome, l’unique objet de ton ressentiment ;


bien que je ne le tutoie pas ; comme tout le monde, plus que tout le monde, étant internationaliste, je suis excédé de ce naïf ou de ce politique nationalisme radical ; enfin quand même ils seraient Romains ; devons-nous proscrire les Romains ; n’est-il plus permis d’être Romains ; la question n’est pas de savoir s’ils sont Romains ou Napolitains ; mais la seule question est de savoir s’ils peuvent imposer à nos consciences leur croyance religieuse par l’exercice d’une autorité de commandement et réciproquement si nous avons le droit de poursuivre dans leurs consciences leur croyance religieuse par l’exercice d’une réciproque autorité de commandement.

M. Clemenceau le sait aussi bien que nous ; il disait un jour dans les couloirs, par un de ces délicieux écarts de langage qui lui gardent l’amitié de ses amis, qui lui ramènent instantanément la sympathie des tiers, sympathie affectueuse, curieuse et amusée, mais inquiète, — car on a peur, on ne sait jamais bien quel acte, quelle parole va sortir de ce grand humoriste, échapper