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lité mentale, sentimentale, correspondante ; il y a de grandes réalités mentales, sentimentales, qui n’obtiennent jamais les mouvements, les événements d’histoire qu’elles nous paraissent mériter ; il y a des événements sans contenu ; il y a des contenus sans événement ; c’est là, du moins il me semble, un sujet de méditations inépuisables pour les philosophes et pour les historiens, selon que l’on aborderait ce problème et cette inquiétude partant du contenu même ou partant de l’événement ; c’est un problème où l’histoire et la philosophie, venues de chez elles chacune, sont étroitement, solidairement engagées.

Par exemple particulier, c’est un cas particulier de ce problème que de savoir si le socialisme, ayant commencé à donner un mouvement, un événement d’histoire assez proportionné à son contenu idéal, ayant promis, ayant fait espérer la continuation, et l’achèvement de ce mouvement proportionné, de cet événement, sous nos yeux va s’arrêter court, pour avoir été criminellement remis aux mains des politiques parlementaires ; c’est un problème particulier que de savoir si le socialisme en fin de compte sera un mouvement proportionné ou un mouvement disproportionné, improportionné, si le mouvement, si l’événement d’histoire socialiste épuisera dans son déroulement ou n’épuisera pas tout le contenu de l’idéal socialiste.

Au contraire c’est un fait désormais acquis, et l’explication seule de ce fait donné réserverait les inconnues d’un problème, d’un cas particulier qui provoquerait les méditations, que le mouvement d’histoire, que l’événement républicain a de beaucoup dépassé le contenu, l’idéal correspondant ; ni dans l’histoire de la