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étaient un peu cérémonieux, aimaient un peu la cérémonie, un peu la magnificence, pourvu qu’elle fût civique ; mais cette affection particulière avait nous ne savons plus quoi de naïf et de jeune, et aussi de naturellement grand, qui sauvait tout ; rien de bourgeois ; au contraire nos jeunes gens aiment la cérémonie comme un instrument de domination.

Il serait intéressant d’examiner, d’essayer de démêler dans des cérémonies comme celles dont nous publions aujourd’hui, dont nous reproduisons le compte rendu, quelle serait la part qui revient au cérémonialisme traditionnel des vieux républicains, et quelle au cérémonialisme arriviste de nos jeunes politiques parlementaires ; et comment ces deux sentiments, sentiment traditionnel des anciens, sentiment politique et utilitaire des jeunes, se confondent, se soutiennent ; aujourd’hui, nous n’avons voulu donner que des exemples de la résultante ; et nous avons été chercher ces exemples dans un journal rédigé en chef par un homme intelligent.

C’est en effet une vieille règle de la méthode historique, et nous ne manquerons jamais de l’appliquer, que de demander les textes et les renseignements aux témoignages amis, autant qu’on le peut, et non pas aux témoignages ennemis ; ayant à donner des exemples de ce que nous avons souvent répété que le radicalisme de gouvernement nous prépare une antireligion, une religion d’État, que la politique parlementaire nous prépare une immorale d’État, qu’une certaine libre-pensée, prétendue, nous prépare un culte rituel, formel, avec intronisation de nouveaux saints, qu’un certain rationalisme, prétendu, nous prépare un certain surna-