vaut mieux que de choisir pour un amour efficace un soir de maladie morale, de laideur et de crise mauvaise[1]. Le livre manque ici de cette raideur droite et de cette moralité ridicule, impudente, sans laquelle on ne fera rien de nouveau. Mathieu manque notablement[2] du ridicule indispensable, en morale, à sa fonction paternelle, en art à sa situation de caractère, de type, de représentant poétique.
Toute l’économie domestique du livre est fondée sur ce que Mathieu achète à vil prix à Séguin des terrains qui n’ont pour Séguin qu’une valeur de chasse et qui auront bientôt pour Mathieu une valeur de culture. Cela est faux en économie politique. Il est faux que Mathieu achète les chasses au prix qu’elles ont pour Séguin, selon une loi qui serait la loi de l’offre seule, comme il serait faux que Mathieu achetât les cultures au prix qu’elles auront pour lui, selon une loi qui serait la loi de la seule demande. Mathieu passe avec Séguin des contrats bourgeois, régis par la double loi de l’offre et de la demande. En bonne économie bourgeoise, et en bonne psychologie bourgeoise, le propriétaire ancien doit justement profiter de ce que le nouveau propriétaire a de plus en plus le désir et le besoin de nouveaux morceaux pour faire monter de plus en plus ses prix. Commercialement, les territoires de chasse non achetés encore prennent de la valeur ; comme on dit, parce qu’ils sont contigus aux labours de la ferme et parce que le fermier veut y mettre la charrue. Cela n’a aucun sens. Mais cela est de la réa-