Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ministre de la Guerre. On a vu, non sans raison, des motifs conducteurs dans les admirables couplets :

« Et c’était toujours la grande œuvre, la bonne œuvre, l’œuvre de fécondité qui s’élargissait par la terre et par la femme, victorieuses de la destruction, créant des subsistances à chaque enfant nouveau, aimant, voulant, luttant, travaillant dans la souffrance, allant sans cesse à plus de vie, à plus d’espoir. »[1]

Je consens que ce soient des motifs conducteurs pourvu que cette expression n’implique l’idée d’aucun artifice de style, mais corresponde seulement au rythme profond qui secoue toute l’œuvre. Ici encore si de distance en distance l’auteur nous redonne les mêmes mots, les mêmes phrases, les mêmes stances, les mêmes élans, c’est parce que la vie elle-même a ces mêmes recommencements. Ce n’est pas que le « bon Homère… sommeille parfois. »[2] C’est toujours la sincérité classique. Zola dit la même chose non pas toujours, mais, exactement, toutes les fois que c’est la même chose. Il a raison de ne pas fausser son œuvre. Il ne satisfait pas à la vanité de la faire partout quand même intéressante, au sens habituel du mot. Il est impassible comme la nature, patient comme elle, et, pour qui ne sait pas, ennuyeux comme elle. Plusieurs, ayant commencé le

  1. Fécondité, pages 372, 401, 427, 458, 481. Le motif est esquissé à la page 345. On peut remarquer qu’il se succède ensuite à des intervalles presque réguliers de 27, 29, 26, 31 et 23 pages, qu’il ne commande, sauf erreur, que 136 pages, au milieu du livre, sur 751, laissant libres les 344 premières pages, et les 270 dernières. Le motif ne consiste pas seulement en cette phrase fidèle, mais en tout un cortège de phrases ou identiques (À Chantebled, Mathieu et Marianne fondaient, créaient et enfantaient…), ou apparentées.
  2. Paul Brulat, dans les Droits de l’Homme du dimanche 22 octobre.