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discours des répétitions artificielles. Au contraire elle consiste à ne pas introduire dans le discours des variations artificielles, à dire toujours la même chose, quand c’est toujours la même chose. Ainsi entendue, l’ordonnance classique est un effet de la sincérité. Je crois bien que la sincérité est le caractère le plus profond de Zola. Son entière sincérité est le fondement même de sa toujours jeune naïveté.

M. Gustave Kahn[1] a fort heureusement comparé le « principat d’ordre moral, plus encore que littéraire » qu’Émile Zola exerce parmi nous au principat « qu’avait exercé Hugo à la fin de sa vie ». Ce principat est à peu près le même en effet. Mais il n’est pas le même en esprit. Les actes et les paroles de Hugo laissent une impression ou une arrière-impression perpétuelle de formidable insincérité. Les extraits des dernières Choses vues que nous avons lus dans les périodiques ne sont pas pour effacer cette impression. Le principat de Hugo était, en outre, autoritaire. Le principat libre d’Émile Zola est fondé surtout sur sa formidable sincérité. C’est parce qu’il est sincère, parce qu’il se sent sincère, que Zola se croit réaliste, qu’il est à l’aise dans ses actes, un peu gêné dans ses œuvres, et qu’il fut ce que Hugo ne fut jamais, un protagoniste.

Ces mêmes qualités nourrissent le roman, le poème de Fécondité.

Le premier des Quatre Évangiles, le saint Évangile de Notre-Seigneur-Jésus-Christ selon saint Matthieu, com-

  1. La Revue blanche du 15 octobre 1899.