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teurs que l’on a étendu à tous les fonctionnaires. Ce n’est pas vers l’indépendance et l’inamovibilité du magistrat que l’on tend, mais vers l’asservissement et l’amovibilité du fonctionnaire.

Je n’ai rien contre M. Combes. Quand il fut question de lui pour former un ministère, ses amis disaient : Il a été tout à fait nul comme ministre de l’instruction publique ; mais, vous verrez, il fera un excellent président du conseil. Jaurès nous expliquait dans son journal qu’avec une Chambre aussi bien faite, après d’aussi bonnes élections, avec une majorité aussi assise, on n’avait pas besoin de quelqu’un de très fort pour gouverner. Je ne me rappelle pas si même il ne nous expliqua pas que quelqu’un de pas très fort valait mieux.

On exagérait. M. Combes n’avait pas été nul comme ministre de l’instruction publique. Des personnes renseignées assurent qu’il est intelligent. Gauche et maladroit, la main lourde au commencement de son ministère, il est rapidement devenu spirituel, aisé ; il s’est révélé fort honnête orateur ; il tient bien la tribune ; il a de vives et bonnes reparties. Tout le monde s’accorde à répéter que c’est un vieil honnête homme ; et je sais qu’en politique cela est rare et précieux.

Je n’ai rien contre M. Combes. Il a courageusement assumé une tâche écrasante. Cette tâche écrasante, ce n’est pas de combattre l’Église. Vaincre l’Église serait une tâche écrasante. Combattre l’Église est cette année en France plus facile que de ne rien faire. Un gouvernement qui ne fait rien et qui ne combat pas l’Église tombe. Un gouvernement qui ne fait rien et qui combat l’Église tient.