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prolétariat ? Mais le premier citoyen libre à qui nous adresserons la parole nous dira simplement et droitement : « Pardon, monsieur, mais je voudrais seulement savoir quelles personnes exerceront la dictature impersonnelle de la classe ouvrière. »

Mettrons-nous en brochures de propagande le discours de Guesde ? Nous lirons au peuple ces paroles de Guesde, que j’emprunte à la page 176 du Compte rendu sténographique officiel, au milieu de la page : « (Le camarade Zévaès) avait ainsi tracé la frontière que l’on ne franchit pas, entre la partie des pouvoirs publics que le prolétariat organisé doit conquérir en période même bourgeoise, et la partie des pouvoirs publics qu’il ne peut emporter qu’en période révolutionnaire, à coups de fusil ! » Puis nous lirons au même ces paroles du même, empruntées à la page 185 du même Compte rendu : « Les travailleurs organisés se considérant comme dupes, les uns prêteront l’oreille à la propagande par le fait ; ils se diront : puisqu’il en est de mon propre parti de classe comme des autres partis politiques, et que nous sommes condamnés à faire la courte échelle à quelques-uns, qui se servent de nos épaules pour se hisser au pouvoir, adressons-nous aux choses, n’ayant rien trouvé du côté des hommes. Les hommes les ayant trompés, ils n’auront plus de foi que dans les éléments, que dans la chimie révolutionnaire, et vous aurez recruté pour l’anarchie. » Nous lirons au peuple ces deux citations : mais alors le premier venu, l’ouvrier des manufactures d’armes, le chimiste, l’ancien artilleur, l’ancien fantassin, ou même l’homme de bon sens nous dira : « Je vous demande pardon, monsieur, mais il me semble que monsieur Guesde conseille les balles et déconseille les