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de Paris, que Liebknecht lui a nommé « Guesde et Lafargue, les principaux représentants du socialisme scientifique en France », si M. Hutin publie que M. Liebknecht lui a dit : « J’entretiens avec Guesde une correspondance assidue. » Ce n’est pas de ma faute si j’ai vu sur les murs de Paris, avant le Triomphe de la République, l’affiche des guesdistes avec celle de M. Paulin Méry. Elle y était. Je l’ai vu. Je le dis. J’avais porté mon compte rendu à une revue amie : je nomme ainsi les revues que j’aime et non pas celles que je combats. Le directeur l’accepta, non sans quelque hésitation. Puis il eut de la peine, hésita encore, et très amicalement me dit : « Ça va bien, mais tout de même on ne peut pas laisser le mot de guesdistes. Ils ne veulent pas qu’on les nomme des guesdistes. Ils sont le Parti ouvrier français. Guesde a sauté, un jour que je lui parlais de guesdistes. Après le Congrès nous ne pouvons pas les nommer comme ils ne veulent pas qu’on les nomme. Il y a eu réconciliation. » Sur le moment j’acquiesçai, n’aimant pas à faire des ennuis. Puis je me ressaisis, et il me sembla que cette fois encore j’étais obligé à l’impolitesse : car si l’expression d’allemanistes par exemple est une expression commode et inexacte, vu que les allemanistes sont des hommes libres et n’ont aucun chef, l’expression de guesdistes au contraire est une expression commode et rigoureusement exacte, en ce sens qu’il y a au moins plusieurs guesdistes qui ne sont pas des hommes libres. C’était donc bien guesdistes que je voulais dire, et non pas Parti ouvrier français. J’aurais donc changé une expression dans mon compte rendu, non point parce qu’elle aurait été inexacte, comme on le doit, mais par une considération de parti. Mon compte