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cahiers : la minorité d’un congrès a le devoir et le droit de défendre toutes ses opinions, mais, puisqu’elle a accepté de participer au Congrès, elle est moralement tenue d’en respecter les décisions (elle et ceux dont elle représente les tendances). Par raison, et par discipline, dans l’intérêt supérieur de la cause. Qu’ensuite elle fasse campagne pour amener les membres du Congrès suivant à ses idées, je le veux bien. Mais il n’est pas bon qu’elle déclare tout de suite et brutalement qu’elle donne tort au Congrès, qui « a piétiné sur un de nos plus chers espoirs ».

Il est plus mauvais encore que toutes ces attaques contre le Congrès et que le Triomphe de la République et que l’affaire Liebknecht se résolvent en insinuations contre le parti guesdiste, et en assauts furieux ou en coups d’épingle irritants contre Guesde, Zévaès… Je ne les défends pas, ne veux pas les défendre, et n’ai pas à les défendre. Mais à quoi riment ces attaques ? Exposez vos idées personnelles sur la méthode, l’action, la doctrine etc., et tâchez d’y gagner la masse des guesdistes. Si le Conseil national commet une faute de tactique, ayez une meilleure tactique. S’ils sont conduits par des gens qui ne sont qu’ambitieux, montrez votre désintéressement. Guesde et d’autres qui le suivent croient bien servir le socialisme ; ils ont peut-être le tort de vouloir en être les maîtres : conquérez à vos convictions la masse des socialistes, et vous n’aurez plus rien à faire contre les guesdistes. La guerre personnelle amène aux antipathies irréconciliables, et aux divisions perpétuées. Vous arriveriez à une scission dans le Parti et à des luttes acharnées, ou bien, pis encore, vous formeriez un groupe aussi irréductible