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ŒUVRES DE PROSE

pauses et des reprises. Arrivés au milieu, on ne voyait ni le commencement ni la fin. Au-dessus du cortège une longue, immense file de drapeaux rouges, de pancartes bleues, d’insignes et ornements triangulaires et variés, se défilait en avant et l’on se retournait pour la voir se défiler en arrière. Avec nous nos bons camarades, la Ligue démocratique des Écoles, portaient leur pancarte bleue aux lettres dorées. On ne pouvait lire les pancartes plus éloignées qui se perdaient au loin. Aussi je préfère emprunter à la Petite République les beaux noms de métier des ouvriers qui avaient promis leur concours à la manifestation. Je lis dans la Petite République du matin même, datée du lundi, les convocations suivantes, à la file : Chambre syndicale des gargouilleurs ; — syndicat de la chèvre, mouton et maroquin ; — Chambre syndicale des tailleurs et scieurs de pierre du département de la Seine ; — Chambre syndicale professionnelle des façonniers passementiers à la barre ; — Fédération des syndicats de Boulogne-sur-Seine ; — Chambre syndicale des corps réunis de Lorient, Morbihan ; — Syndicats des bonnes, lingères, filles de salle, blanchisseuses ; — Chambre syndicale des infirmiers et infirmières ; — Chambre syndicale des ouvriers balanciers du département de la Seine ; Chambre syndicale des ouvriers peintres de lettres et attributs. Comme ces noms de métier sont beaux, comme ils ont un sens, une réalité, une solidité, comparés aux noms des groupements politiques, tous plus ou moins républicains, socialistes, révolutionnaires, amicaux, indépendants, radicaux socialistes, aux unions, aux associations, et aux cercles, et aux cercles d’études sociales, et aux partis. Loin de moi la pensée de calomnier les groupements politiques.

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