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Un temps de tristesse et de silence. Dagobert, d’une voix basse et grave :

— Tu vois bien que le nain vert existe. S’il n’existait pas, Hégésippe Moreau, qui est un auteur sérieux, qui vient d’avoir son monument, et qui est dans le Merlet, n’en parlerait pas.

Comme il est heureux que j’aie fait mes études et que j’aie acheté ce Merlet quand j’étais à Sainte-Barbe, 2, rue Cujas, Paris, en cinquième A, douzième étude.

Après un long silence :

— As-tu vu la Voulzie ?

— Je n’en ai pas besoin, dit saint Éloi ; je la connais par les vers d’Hégésippe Moreau.

— J’ai vu la Voulzie, dit solennellement Dagobert ;

C’était, en septembre dernier, — septembre 1902, — en Brie, aux manœuvres de la dixième division : nous recommencions, comme je le fais désormais tous les deux ans, cette immortelle campagne de France ; et je n’ai pas besoin de vous dire que nous évitions soigneusement les quelques fautes qui, dans la réalité, notèrent cette campagne ; ce qui prouve que nos généraux sont devenus beaucoup plus forts que ne l’était le général Napoléon ; c’est même pour cela qu’aussitôt après la fin des manœuvres le général qui nous commandait fut promu général commandant un corps d’armée.

Donc un jour que la dix-neuvième brigade s’était battue vaillamment, furieusement, et sagement, contre la vingtième, à moins que ce ne fût la dixième division tout entière qui se fût battue vaillamment, furieusement, et sagement, contre le célèbre ennemi figuré ; quand le rassemblement eut sonné,…