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dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste : voilà ce que nous nous sommes proposé depuis plus de vingt mois, et non pas seulement pour les questions de doctrine et de méthode, mais aussi, mais surtout pour l’action. Nous y avons à peu près réussi. Faut-il que nous y renoncions ? Qui distinguera de l’action la doctrine et la méthode ? Qu’est-ce que la doctrine, sinon l’intelligence de l’action ? Qu’est-ce que la méthode, sinon la pragmatique de l’action ? Comment la doctrine et comment la méthode peuvent-elles demeurer libres, si l’action doit se conformer strictement aux décisions du Congrès, interprétées par un Comité général. Qui travaille pour un serf n’est pas libre. Et même, à y regarder de près, ce n’est pas la doctrine et la méthode qui sont libres : c’est la discussion qui est entièrement libre pour toutes les questions de doctrine et de méthode. Qu’est-ce qu’une liberté de discussion qui n’emporte pas avec elle une liberté de décision ?

Et le paragraphe quatrième nous présente justement un exemplaire de ces décisions de Congrès devant lesquelles, avant toute interprétation de Comité général, je suis forcé de refuser résolument d’incliner ma raison. C’est en effet une question que de savoir si le Congrès ainsi constitué avait le droit de départager les intérêts. Mais il est certain que le Congrès n’avait aucune qualité pour faire passer la satisfaction à donner à ces intérêts avant le droit de la vérité.

Les journaux ont pour fonction de donner à leurs lecteurs les nouvelles du jour, comme on dit. Les journaux doivent donner les nouvelles vraies, toutes les nouvelles vraies qu’ils peuvent, rien que des nouvelles