Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

crains quand je relis une résolution du récent Congrès :

« Le Congrès déclare qu’aucun des journaux socialistes n’est, dans l’état actuel des choses, l’organe officiel du Parti.

» Mais tous les journaux qui se réclament du socialisme ont des obligations définies qui grandissent avec l’importance du journal et le concours que lui ont prêté dans tout le pays les militants.

» La liberté de discussion est entière pour toutes les questions de doctrine et de méthode ; mais, pour l’action, les journaux devront se conformer strictement aux décisions du Congrès, interprétées par le Comité général.

» De plus, les journaux s’abstiendront de toute polémique et de toute communication de nature à blesser une des organisations. »

J’admets le premier de ces quatre paragraphes. Quand je dis que je l’admets, je ne veux pas dire que je m’arroge un droit de contrôle, une autorité sur les décisions du Congrès : je veux dire, en gros, qu’il me paraît conforme à la raison et à la vérité.

Le second paragraphe présente quelque difficulté. Les obligations définies dont on parle ici, et qui grandissent ou diminuent, me semblent des obligations d’intérêt. Avant ces obligations ou ces reconnaissances d’intérêts, je place une obligation de droit, perpétuelle, qui ne subit aucune exception, qui ne peut pas grandir ou diminuer, parce qu’elle est toujours totale, qui s’impose aux petites revues comme aux grands journaux, qui ne peut varier avec le tirage, ni avec le concours ou les utilités : l’obligation de dire la vérité.

Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité,