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— Exactement : Il est ouvrier manuel et ne travaille pas de ses mains.

— Entendu. Et le citoyen Péguy.

— C’est un intellectuel, puisqu’il a été au lycée.

— Bien, mais il est devenu libraire éditeur.

— Ça ne fait rien : c’est un intellectuel tout de même.

— Il a été aussi longtemps qu’il a pu libraire éditeur et il est redevenu éditeur puis éditeur libraire. Comme éditeur il travaille avec les typographes, à l’atelier avec des vrais typographes — — —

— Vous aurez beau dire : c’est un intellectuel tout de même.

— Il travaille avec les typographes, à l’atelier, pour faire de belles pages, de belles couvertures ; il corrige les épreuves, s’abrutit les yeux. Comme libraire il fait des paquets, colle des timbres, dresse des listes, établit des fiches, aligne des commandes, empile des volumes. Il travaille de ses mains.

— Vous l’avez dit : Mon cousin travaille de ses mains, mais il n’est pas un manuel.

— Pour nous résumer :

a) Le citoyen Roland est un manuel, et il ne travaille pas de ses mains ;

b) Le citoyen Péguy n’est pas un manuel, et il travaille de ses mains ; seconde proposition que l’on peut énoncer aussi :

b) Le citoyen Péguy travaille de ses mains, et il n’est pas un manuel.

— Vous y êtes. Je suis fier de vous. Vous ferez honneur à votre maître. Vous serez l’honneur de ma vieillesse, admirable élève, la gloire de mes cheveux blancs. Sachez donc, monsieur, que le citoyen Roland travaille