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moitié gauche montait à la tribune, la moitié droite le huait. Mais quand un orateur venu de la moitié droite montait à la tribune, la moitié gauche le huait. Justice impartiale. Équitable distribution. Roland ne fut pas plus mal traité que la plupart de nos grands orateurs. Huer un orateur veut dire qu’on est de l’autre moitié. Cela n’a pas grande importance et l’unité socialiste avance quand même. Les allemanistes n’aiment pas le citoyen Roland. C’est qu’il a été des leurs, et que les quittant il est devenu guesdiste. On ne hait jamais personne autant que les gens qui vous quittent, si ce n’est ceux que l’on quitte. Il avait cependant le droit de quitter les allemanistes pour les guesdistes. On est libre. Mais les allemanistes ne sont pas contents quand on les quitte. Surtout pour aller aux guesdistes. Les allemanistes n’aiment pas les guesdistes. L’unité avant tout. Nous n’aimons pas les allemanistes. L’unité quand même. Il y a des allemanistes à présent qui prétendent qu’on a chassé du parti le citoyen Roland. Vive l’unité ! On a chassé tant de citoyens de tant de groupes et de tant de partis, on a chassé tant de groupes et tant de partis de tant de groupes et de tant de partis que l’on ne peut plus savoir à quoi s’en tenir sur ces menus incidents. Ce sont ce que les bourgeois nomment les mille incidents de la politique journalière. Le citoyen Roland est guesdiste. Il a été allemaniste. À qui cela n’est-il pas arrivé ? C’est presque de la vie privée. Nous ne devons pas respecter seulement la vie privée des citoyens. Nous devons respecter la vie privée du parti. Ce sont là des querelles de ménage, des guerres domestiques, des haines cordiales, des meurtres fraternels. Comme l’écrit si excellemment le citoyen Léon Blum :