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de ces forcenés comme l’est devenu mon petit cousin, qui se répandent bruyamment en accusations injurieuses contre les plus vénérables militants. Il conserve scrupuleusement, au plus fort de ses haines, cette savoureuse mansuétude recuite que nous reprochons si violemment aux jésuites, mais que nous admirons au fond et que nous aimons tant dans nos comités. Il conserve cette fausse égalité d’humeur qui fait les beaux parlementaires. La politesse bourgeoise nous plaît quand parmi nous elle nous vaut des compliments et des respects. Le citoyen Roland commença par n’imiter pas les brutalités de mon petit cousin.

— Monsieur, dit Pierre Deloire, je vous ai déjà demandé comme il vivait, de quoi il vivait.

— Monsieur, je vous ai déjà répondu que cela ne vous regardait pas. Vous avez la tête dure comme un Solognot.

— Monsieur, demanda Pierre Deloire, voulez-vous me dire pourquoi, au premier congrès national ou général des Organisations socialistes françaises, tenu à Paris en décembre 1900, quand le citoyen Roland monta, comme on dit, à la tribune, il fut accueilli par les huées de la moitié de l’assistance, voulez-vous me dire pourquoi les allemanistes étaient particulièrement furieux, et pourquoi un allemaniste qui siégeait dans mon dos — —

— Un allemaniste qui siégeait dans votre dos ?

— Pourquoi un allemaniste qui était assis à la table qui était derrière celle où j’étais assis lui cria violemment : Va donc t’établir à Orléans !

— Monsieur, répondit mon cousin, vous devez savoir que ce fut le régime ordinaire des discussions au premier congrès de Paris. Quand un orateur venu de la