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— Qui ça Molière ? Je vous dis qu’il est de Vandervelde. La preuve c’est que le citoyen Roland nous a dit que c’est là-dessus que le grand orateur belge a bouclé son grand discours au congrès international. Je dis bouclé parce que je ne sais pas le mot. Je ne sais pas tout, moi. Quand on finit un discours, enfin, quoi, le grand coup. Au moment qu’on garde le meilleur pour la fin.

— Monsieur, répéta pour la dernière fois Pierre Deloire, ce vers n’est pas de Vandervelde. Il est de Molière. Molière, comme le disaient nos professeurs de littérature, Molière le met dans la bouche de Tartuffe. Et il est déplorable que, séduit par l’éloquence du grand orateur belge, tout un congrès socialiste international ait aussi frénétiquement acclamé un vers de Tartuffe.

— Je vois bien, dit mon cousin, quand son premier étonnement fut passé, je vois bien, monsieur, que je devais me méfier de vous, qui ne disiez rien en commençant, et non pas de ce Pierre Baudouin qui parle à tort et à travers. Les silencieux sont dangereux. Vous imaginez des diversions pour me couper le fil de mon histoire. Vous savez bien que je veux vous dire vos vérités, qui vous déplaisent. M. le Febvre a donné pour la République tout ce qu’il avait de temps, d’argent, de santé, de force, de vie. Je n’avais pas bu ma première absinthe qu’il avait déjà ses trente ans de service républicain. Il a commencé sous l’empire, que je n’étais pas encore venu au monde. Seulement je vous conterai son histoire la prochaine fois, parce que c’est encore une diversion que vous essayez. Enfin M. le Febvre avait