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mons radicaux les vieux républicains de province qui nous gênent. Le programme radical, c’est nous qui l’avons ramassé. Nous faisons de l’anticléricalisme bourgeois aussi fructueusement que les meilleurs élèves de Clemenceau. Le débat redoutable où nous assistons parmi nous vient de ce que la moitié des socialistes sont devenus des opportunistes pendant que la moitié devenaient des radicaux. Viviani est gambettiste. Zévaès est clemenciste. — —

— Monsieur, demanda Pierre Deloire, qui de l’unité ôte les deux moitiés, il ne reste rien.

— Je ne parlais que de l’État-Major, monsieur, et nous pouvons espérer qu’il ne pèsera pas lourd. Vos interruptions sont donc oiseuses. Nous voulons bien que Zévaès parle exactement comme le citoyen Pichon discourait. Vous savez les fameux discours, avant l’ambassade. Nous voulons bien que Viviani parle un peu plus bourgeoisement que Jules Ferry. Mais nous ne voulons pas accueillir parmi nous, en province, les vieux républicains. Vous entendez la différence. Quand nous usurpons le programme radical, auquel ce pays est habitué, ou même le programme opportuniste, nous socialisons un excellent moyen de production. Quand nous fermons la porte au nez aux vieux républicains, nous sauvegardons nos moyens de consommation. Vous suivez ?

— Nous tâchons.

— Le programme opportuniste et le programme radical produisent beaucoup de mandats. Pour des raisons que nous examinerons plus tard. Et les mandats produisent beaucoup d’avantages. Quand donc nous captons les voix des électeurs opportunistes et radicaux en cal-