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subvenais de toutes mes forces. Quand il y a des élections politiques je fais la campagne électorale et je vote. Quand il y a des élections universitaires je fais la campagne. Si j’étais citoyen actif universitaire, je voterais aussi dans les élections universitaires. Mais là je ne suis qu’un citoyen passif. Dans le petit village de banlieue extrême où je me suis réfugié, vous savez que j’ai suivi attentivement la campagne politique inaugurée pour les récentes élections municipales. Vous savez que j’ai voté le premier dimanche et le dimanche de ballottage pour la liste républicaine opposée aux grands bourgeois réactionnaires, aux châtelains et aux grands propriétaires fonciers de l’endroit. Car nous sommes inclus dans l’arrondissement de Marcel Habert, et chez nous les républicains sont unis, parce qu’ils sont impuissants.

Je demande que le socialisme révolutionnaire ne soit pas contaminé par son armée politique ainsi que la nation française fut contaminée par son armée militaire. Je demande que nous ayons pour nos citoyens politiques une reconnaissance exactement prudente et non pas une serve admiration, une humilité d’imitation. Or il suffit de regarder rapidement ce qui advient au socialisme révolutionnaire pour constater un incroyable envahissement de la mentalité politique.

J’ai comparu, moi aussi, devant le Conseil d’administration de la Société Nouvelle. Et j’ai participé aux Assemblées générales, simples chambres d’enregistrement qui étaient censées souveraines. C’était un des spectacles et un des événements les plus désolants que je connaisse. Les mêmes hommes administrateurs commettaient des actes qu’ils n’eussent pas imaginés quand ils étaient simples citoyens. La raison d’État, qu’ils