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deux démolisseurs, reviennent aussi, et ce retour complète le symbole. Ce que le peuple a voulu en exigeant, en imposant l’amnistie, c’est la liberté de tout dire. » — Le 3 février, portrait de Rochefort, sous le titre Impressions quotidiennes, signé Tabarant. On y lit : « On s’est exclamé et fort justement sur l’éternel rajeunissement de cet esprit auquel les imbéciles seuls refusent l’envergure et la solidité. » — Le 3, retour triomphal. Millerand, entouré de ses collaborateurs de la Petite République, va recevoir le virulent à la gare. Puis il vient le saluer à l’Intransigeant. Jaurès arrive ensuite. Il est en nage. Il présente Gérault-Richard à Rochefort qui lui tend les bras. — C’est à vous que je dois mon retour ici, dit Rochefort. — Oui, citoyen Rochefort ; mais moi, je vous dois mon élection. René Viviani est présenté par Jaurès à Rochefort qui l’embrasse. Puis défilent — — — ». Je cite le compte rendu de la Petite République datée du 5 février. Jaurès n’a fait que partager la joie générale. Il ne paraît pas avoir dit de bêtises, et n’a rien écrit — dans la Petite République du moins — sur le retour du héros.

— Nous a-t-on assez lancés, répondit Pierre Baudouin, sur les libertés municipales de Paris, qui avait droit aux mêmes libertés que la plus petite commune de France. Où en serions-nous si le Paris nationaliste avait les libertés que nous avons réclamées pour le Paris révolutionnaire ? Ne croyez pas, mon ami, que je rappelle ces souvenirs — et ces leçons — pour embêter Gérault ou pour faire de la peine à Jaurès. Aujourd’hui moins que jamais il ne faut leur faire de la peine, exposés qu’ils sont à la concurrence déloyale du Petit Sou, à la scandaleuse démagogie du scandaleux Edwards.