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traiter avec le grand polémiste. Donnant donnant. Rochefort donna l’investiture. Les républicains donnèrent l’amnistie, l’ancienne, la deuxième. Gérault fut élu. Félix Faure aussi. Le polémiste rentra. Le président et le polémiste purent chauffer le second boulangisme. Il fallait alors que Rochefort eût de l’esprit et fût non seulement un bon républicain mais un bon révolutionnaire. Il faut à présent qu’il n’ait jamais eu d’esprit et qu’il ait toujours été une immonde canaille. Or M. le marquis de Rochefort avait de l’esprit quand il servait la république sous l’empire, et dès lors il était une spirituelle canaille. Rochefort a longtemps eu de l’esprit sous la république et il était encore en ce temps une spirituelle canaille. Tout le monde savait qu’il était une inépuisable canaille. Jaurès le savait quand il accueillait, au retour de l’exil doré, le virulent polémiste et le fougueux révolutionnaire. Comment veut-on que le bon peuple s’y reconnaisse ? Comment veut-on que le peuple s’y reconnaisse ? Comment veut-on que moi, peuple, je m’y reconnaisse ?

— Un ami que j’ai, dit Pierre Deloire, a bien voulu aller à la Nationale me chercher ces quelques renseignements : L’amnistie fut votée à la Chambre le 28 janvier 1895. Le 29 il y eut dans la Petite République un article de Sembat, très raisonnable. Le 31 vote au Sénat. Le premier février, article de Fournière, enthousiaste : « En moins de quinze ans, Paris aura vu Rochefort revenir deux fois d’exil. Son retour en 1880 fut un triomphe. Il en sera de même dimanche. » — Fournière fait des restrictions sur le boulangisme de Rochefort. Puis : « Vraiment, ce retour simultané de Rochefort et de Gérault-Richard est d’un puissant symbolisme que tous comprendront. » — « Jean Grave et Drumont, ces