Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/301

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bonnes années mon ami le plus proche m’a écrit deux lettres qui m’ont fait beaucoup plus de peine.

— Cela s’entend. Nous vous requérons de nous les lire.

— La première est brève :

Toulouse, lundi matin 28 novembre 1900
Mon cher Péguy

— Pour fixer les idées, je maintiens que si tu avais été au comité général pour soutenir Jaurès et le père Longuet, tu eusses dit à haute voix ce que tu sentais ; je maintiens qu’il eût mieux valu changer par une intervention active et réelle la scène historique, que de l’idéaliser et de la conserver par une reproduction typique et dramatique. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas renoncé.

Je passe le nom. Vous le connaissez. La deuxième lettre est plus longue :

Mardi 4 décembre 1900
Mon cher Péguy

Je me permets de te répéter que l’action me paraît plus urgente que la critique, surtout que l’histoire immédiatement post-contemporaine que tu annonces, pas assez contemporaine pour diriger le mouvement, pas assez éloignée pour être vraiment de l’histoire et pour être de nouveau intéressante.

Si tu savais combien l’énorme masse est indifférente à tout cela, surtout l’énorme masse des professeurs, auxquels tu t’adresses, et qui sont, en grande majorité, réactionnaires bourgeois et cléricaux, et dont les 99/100 ne pensent qu’à leur métier, leur gagne-pain, leur avan-