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Vous permettez que je passe la signature ?

— Provisoirement nous vous le permettons. Ensuite ?

— Le troisième cahier descendait des compositeurs aux imprimeurs quand me parvint le deuxième désabonnement.

— Nous vous requérons de lire cette lettre. Nous laisserons tout passer sans interruption.

— Elle est plus courte.

Paris, vendredi 14 décembre 1900
Mon cher Péguy

Je ne veux plus recevoir les Cahiers de la Quinzaine, pour les raisons que voici :

1o Je ne crois pas que les romans annoncés constituent une propagande effective.

2o Le ton général des cahiers est, de plus en plus, un ton de dilettantisme. Peu de place est donnée aux questions qui importent ; trop de place est donnée à des incidents, à des impressions particulières ; et c’est plutôt une espèce de littérature qu’une espèce de propagande.

3o Il est bon de ne pas être aveuglé sur les défauts et les faiblesses de ceux qui se disent appartenir au même parti ; mais il n’est pas bon de rappeler avec une persistance implacable des erreurs minimes, et de se taire sur les services incontestables.

4o Dans les premiers numéros, les dissidences qui se sont produites à la Librairie étaient rappelées par des allusions qui n’étaient pas trop disproportionnées avec les faits tels que tu les concevais ; même ainsi, elles étaient de médiocre intérêt pour des lecteurs de cam-