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plus de trouble que de profit. En Angleterre, c’est le sérieux de la population ouvrière qui a le plus contribué à moraliser la presse[1]. En France aussi, on finira par comprendre qu’il vaut mieux être travailleur que parleur ; et l’éducation réelle que tout le monde désire aura pour effet de faire dédaigner tout journal, à moins qu’il ne soit un journal positif, un journal qui incite à l’action vraie. »

Nous croyons que c’est à nous, socialistes, qu’il revient de fonder un tel journal. M. Anatole Leroy-Beaulieu représente que « le socialisme, à l’affût des causes de destruction, se réjouit, avec une cynique logique, de cette corruption qui nous attriste et nous indigne, se félicitant de tout ce qui détruit la cohésion de la société française, s’applaudissant de tout ce qui énerve les âmes, brise les énergies et prépare la dissolution prochaine de la patrie. » À ces paroles ignorantes ou menteuses, opposons la réalité des vouloirs socialistes :

M. Georges Renard propose, entre autres, le remède suivant :

« 1o Fonder des journaux qui ne seraient plus aux mains d’un financier ou d’actionnaires anonymes, mais qui, soutenus par les cotisations régulières d’un parti ou d’un groupe d’hommes se connaissant et professant les mêmes opinions, seraient la propriété et l’expression de ce parti ou de ce groupe. En bannir soigneusement toute affaire, toute réclame, tout article payé[2].

  1. Il y a un intérêt à relire ce que tout le monde écrivait de l’Angleterre il y a trois ans.
  2. C’est-à-dire : tout article mercantile, et non, bien entendu, tout article rémunéré.