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pour équilibrer leur budget. Le Petit Journal, le Petit Parisien, journaux à un sou, gagnent sur leur papier. Par contre, voici le compte d’exploitation du Figaro pour l’exercice 1896 :

recettes
Abonnements et vente au numéro 
 2.695.045 32 4.543.468 56
Annonces et réclames 
 1.707.566 81 4.543.468 56
Recettes diverses 
 140.856 43 4.543.468 56
Total des recettes 
 2.695.045 32 4.543.468 56
dépenses
Fabrication du journal : rédaction,
papier, impression, affranchissement, etc. 
 2.503.526 22 3.050.824 59
Frais généraux 
 547.298 37 3.050.824 59
Total des dépenses 
 2.695.045 32 3.050.824 59
Bénéfice 
 2.695.045 32 1.492.643 97

Ainsi, le Figaro, journal à trois sous, ne réalise même pas, sur la vente et l’abonnement, de quoi subvenir à la moitié de ses frais généraux. Le surplus, et la totalité du bénéfice net, sont fournis par la publicité.

Si, au lieu des comptes du Figaro, nous examinions ceux du Times, journal à trente centimes, nous verrions s’accentuer le phénomène de la perte sur le papier, compensée par le produit des annonces. Que serait-ce si, du Times, nous passions au New-York Herald et à ses numéros du dimanche qui, pour cinq sous, donnent soixante-quatre pages de grand format dont chacune contient autant de matières que les quatre pages d’un journal parisien !

Voilà donc en France, en Angleterre, aux États-Unis, trois journaux en pleine prospérité, ne vivant que de la publicité. Il n’y a pas là, comme on le croit, un mal résultant du bas prix des journaux.