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conclut-il en riant, je ne veux rien savoir de toute cette cuisine.

— Je veux croire, lui répondis-je très sévèrement, que tu n’es pas de ceux qui mangent la cuisine et qui méprisent le cuisinier. J’exige que tu m’entendes. Voici mon plan :

Je vais demander à la Société Nouvelle de librairie et d’édition de vouloir bien mettre à ma disposition gratuitement et sans condition les six cent soixante-dix exemplaires dont elle a reçu le domaine et l’administration. Autant que je connaisse le conseil d’administration de cette Société, il se fera un plaisir cordial de me les accorder.

Aussitôt que j’aurai sa réponse favorable, je ferai transporter une centaine environ de ces exemplaires au siège des cahiers, mais non pas tous à la fois, pour ne pas écraser les porteurs. Et à tous les abonnés fermes et gratuits, mais non pas, bien entendu, aux éventuels, qui viennent le lundi et le jeudi me donner le bonjour, je leur en donnerai à chacun au moins un exemplaire. Ainsi nous serons débarrassés de quelques-uns, sans frais.

Ici commenceront les difficultés financières. J’ai reconnu, après une longue expérience et de nombreux déboires, que la seule manière d’en venir à bout est d’ouvrir un compte. On n’est pas forcé de savoir ce que l’on y mettra. Mais on ouvre un compte. Un doit et avoir. Doit M. Pierre Baudouin, auteur peu solvable, auteur dramatique à peine solvable, tant d’envois de la Jeanne d’Arc à nos abonnés fermes et gratuits de Paris, de la province, et de l’extérieur, mais non pas à nos abonnés éventuels, bien entendu, et encore seulement à ceux