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voisines si l’on n’a pas commencé par essayer au moins de commencer d’examiner les grands problèmes. Sinon, et si vous êtes aveugle, qu’importent les spectacles accidentels ; et si vous êtes sourd, qu’importent les auditions accidentelles. Mais tu as été lâche, tu as eu peur de l’opinion ; qui sait ? tu as sans doute eu peur de tes abonnés, de tes souscripteurs, que sais-je ? malgré ce que tu dis au commencement de la deuxième page de ta couverture, que la souscription ne confère aucune autorité sur la rédaction ni sur l’administration : ces fonctions demeurent libres. Ainsi tu as préféré maltraiter les questions, parce que tu t’es imaginé, comme un ignorant que tu es, qu’elles ne se défendent pas. Et tu as préféré maltraiter Pascal, — car c’était le maltraiter, que de le citer aussi brièvement, — parce qu’il est mort, et que tu crois qu’il ne peut plus rien dire, — au lieu de te représenter, comme tu le devais selon les conseils de ta cupidité naturelle, qu’étant mort il ne pouvait te réclamer aucun droit d’auteur et qu’ainsi tu pouvais en citer tant que tu voulais sans alourdir ce que tu nommes l’établissement de tes cahiers. Mais non, tu préfères t’attaquer au citoyen Lafargue, un homme qui n’existe pas, que pas un de tes lecteurs ne connaît, qui n’est ni un orateur, ni un savant, ni un écrivain, ni un homme d’action, ni un auteur, ni un homme, et en qui je soupçonne à présent que tu introduis arbitrairement quelque apparence d’existence pour avoir ensuite le facile plaisir de le combattre. Vanité littéraire de ce facile plaisir. Comment n’as-tu pas vu, si tu es sincère, que tu fais le jeu de ces gens-là quand tu imprimes leurs discours et quand tu les critiques. N’as-tu pas vu que tu fais le jeu de ces joueurs-là, que tu leur donnes