seigner. Ils ont pris leur travail au sérieux. Ils ont pris leur classe au sérieux. Ils ont eu sur leurs élèves, ou du moins sur la plupart de leurs élèves, ou, au pis aller, sur quelques-uns de leurs élèves, une heureuse influence. Et comme ils n’enseignaient pas encore assez à leur gré, ils ont naturellement pensé à enseigner le peuple. Comme ils n’enseignaient pas assez dans la journée, ils ont naturellement pensé à enseigner le soir. Ils ont à plaisir aggravé ce métier d’universitaire, qui est un des plus onéreux, des plus meurtriers. Ils ont enseigné. Ils ont surenseigné. Ils continueront. Et quand un jour, sous le prochain ministère Méline — Ribot — Barthou — Poincaré — Leygues — Charles — Dupuy — Deschanel — Sarrien — Léon — Bourgeois — Mesureur — Lockroy — Peytral — Zévaès — car ce ministère espéré finira bien par nous tomber sur le dos — quand un jour le hasard des persécutions gouvernementales antiteigneuses les aura tous les deux assemblés en quelque trou perdu de province où ils crèveront communément de faim, tous les deux, l’ancien esthète et l’ancien brutal pourront se donner une poignée de mains solide. Et quand sera venu le Jour du Jugement dernier, qui est une hypothèse, quand Dieu, qui est une hypothèse, pèsera dans sa balance hypothétique les actions non hypothétiques des hommes, il se trouvera que ces deux professeurs, l’ancien esthète et l’ancien brutal, auront plus fait pour préparer ce que nous nommons indivisiblement la révolution sociale et la révolution morale que tout le Comité général ensemble.
— Tais-toi, tais-toi, mon vieux, tu t’emballes, et cela t’empêche de parler proprement. Tu voulais dire sans doute que ces deux professeurs, nos anciens camarades,