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ENTRE DEUX TRAINS

5 mai 1900,

Le samedi saint, comme je l’avais annoncé à la troisième page de la couverture du septième cahier, j’administrai, de une heure à quatre heures et demie, au siège de ces cahiers, chez mon ami Tharaud, 19, rue des Fossés-Saint-Jacques, solitaire. Les Parisiens étaient partis pour la province. Et les provinciaux n’étaient pas venus à Paris. Un coup de sonnette. Mon ami René Lardenois.

— Bonjour. Je viens te dire bonjour entre deux trains. Je suis arrivé à onze heures cinquante-neuf en gare d’Orléans, ce matin. Ou du moins je devais arriver à onze heures cinquante-neuf. Mais les trains ont souvent un peu de retard, à cause des vacances.

— Tu es toujours à Bayonne ?

— J’ai tant roulé que je ne regardais plus même l’heure aux cadrans intérieurs des gares. Je confondais le jour et la nuit, ce qui est la dernière des perversités. — Oui, toujours, au Lycée de Bayonne. J’avais demandé le Nord-Est. Mes parents demeurent à Belval. C’est la dernière station avant Mézières. Une simple halte. À défaut du Nord-Est, j’avais au moins demandé le