— J’ai un ami qui est devenu prêtre catholique. Il est resté mon ami. C’est une amitié qui, pour aujourd’hui, ne vous regarde pas. Si j’étais resté catholique, sans doute je serais devenu prêtre avec lui. Quand je dis qu’il est devenu prêtre, je ne suis pas bien renseigné là-dessus. Nous nous voyons si peu souvent. Il était séminariste. Il s’est de degrés en degrés avancé régulièrement, rituellement, de l’Église enseignée à l’Église enseignante. Je ne sais où il en est. Je crois qu’il a fini. Je ne connais pas même ces degrés. En quoi j’ai tort.
Mon ami a été malade. Je me rappelle à présent fort bien qu’il se soigna ponctuellement. Il est très jeune encore. Il était lésé profondément. Poitrine et système nerveux. Pendant des semaines et des mois, pendant des années, muni de sa douceur austère et sage, de sa patience inaltérable et renseignée, de sa soumission longue et haute, vêtu de sa fidélité droite, invulnérable et lente, non seulement il eut soin de se soigner par des remèdes et des soins déterminés, comme au temps de Pascal, mais adoptant pieusement les données les plus proprement scientifiques de la science moderne, il suivit avec la même soumission et fidélité ce que nous nommons un régime. C’est-à-dire qu’au lieu d’avoir dans sa vie en danger des heures où il aurait vécu et des minutes où il aurait médicalement soigné son corps, loin de là, toutes ses minutes étaient données aux soins, et la vie elle-même était incorporée aux soins. Il suivait un régime. L’hygiène inséparablement se confondait pour lui avec la médecine. Il avait soumis toute sa vie au commandement de ce régime. Il quitta ses camarades, ses amis, ses maîtres, ses parents, son pays et alla s’enfermer des demi-années