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pleine de pointes, il la mettait à nu sur sa chair, et lorsqu’il lui venait quelque pensée de vanité, ou qu’il prenait quelque plaisir au lieu où il était, ou quelque chose semblable, il se donnait des coups de coude pour redoubler la violence des piqûres, et se faisait ainsi souvenir lui-même de son devoir. Cette pratique lui parut si utile qu’il la conserva jusqu’à la mort ; et même, dans les derniers temps de sa vie, où il était dans des douleurs continuelles, parce qu’il ne pouvait écrire ni lire, il était contraint de demeurer sans rien faire et de s’aller promener ; il était dans une continuelle crainte que ce manque d’occupation ne le détournât de ses vues. Nous n’avons su toutes ces choses qu’après sa mort, et par une personne de très grande vertu qui avait beaucoup de confiance en lui, à qui il avait été obligé de le dire pour des raisons qui la regardaient elle-même.

» Cette rigueur qu’il exerçait sur lui-même était tirée de cette grande maxime de renoncer à tout plaisir, sur laquelle il avait fondé tout le règlement de sa vie. »

Cela semblerait donner quelque apparence à vos généralités. Mais nous distinguerons.

Plus loin :

« Voilà comme il a passé cinq ans de sa vie, depuis trente ans jusqu’à trente-cinq, — ici M. Ernest Havet rectifie que : il fallait dire seulement quatre ans de sa vie, depuis trente et un ans jusqu’à trente-cinq — travaillant sans cesse pour Dieu, pour le prochain, et pour lui-même, en tâchant de se perfectionner de plus en plus, et on pourrait dire, en quelque façon, que c’est tout le temps qu’il a vécu ; car les quatre années que