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quittât toute sorte d’application d’esprit, et qu’il cherchât, autant qu’il pourrait, les occasions de se divertir. Mon frère eut de la peine à se rendre à ce conseil, parce qu’il y voyait du danger : mais, enfin, il le suivit, — écoutez bien : — croyant être obligé de faire tout ce qui lui serait possible pour remettre sa santé, et il s’imagina que les divertissements honnêtes ne pourraient pas lui nuire ; et ainsi il se mit dans le monde. Mais, quoique par la miséricorde de Dieu il se soit toujours exempté des vices, néanmoins, comme Dieu l’appelait à une grande perfection, il ne voulut pas l’y laisser, et il se servit de ma sœur pour ce dessein, comme il s’était autrefois servi de mon frère lorsqu’il avait voulu retirer ma sœur des engagements où elle était dans le monde. »

Et plus loin :

« Il avait pour lors trente ans, et il était toujours infirme ; et c’est depuis ce temps-là qu’il a embrassé la manière de vivre où il a été jusqu’à la mort. » — Ici M. Ernest Havet rectifie que Pascal avait alors non pas trente, mais trente et un ans, car sa seconde et dernière conversion s’accomplit à la fin de l’année 1654.

Voici qui semblerait confirmer un peu ce que vous avez dit :

« Les conversations auxquelles il se trouvait souvent engagé ne laissaient pas de lui donner quelque crainte qu’il ne s’y trouvât du péril ; mais comme il ne pouvait pas aussi, en conscience, refuser le secours que des personnes lui demandaient, il avait trouvé un remède à cela. Il prenait dans les occasions une ceinture de fer