Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Citoyens, le nom que vous avez donné à votre Université montre assez que vous sentez que l’heure est venue des pensées vigilantes. Vous l’avez appelée le Réveil sans doute parce que vous sentez qu’il est temps de chasser les fantômes de la nuit et de vous tenir alertes et debout, prêts à défendre les droits de l’esprit contre les ennemis de la pensée, et la République contre ces étranges libéraux, qui ne réclament de liberté que contre la liberté.

Il m’était réservé d’annoncer votre noble effort et de vous féliciter de votre entreprise.

Je l’ai fait avec joie et en aussi peu de mots que possible. J’aurais considéré comme un grand tort envers vous de retarder, fût-ce d’un instant, l’heure où vous entendrez la grande voix de Jaurès.

— Nous n’avons pas entendu la grande voix de Jaurès, mais nous avons eu de lui, le même jour, un article bref et significatif :

UNIVERSITÉS POPULAIRES

Elles se multiplient à Paris, et les prolétaires assistent nombreux, fidèles, aux leçons et séries de leçons que leur donnent de bons maîtres.

Le prolétariat aspire évidemment à sa part de science et de lumière ; et si limités que soient ses loisirs, si accablé que soit son esprit de toutes les lassitudes du corps, il ne veut pas attendre l’entière transformation sociale pour commencer à penser. Il sait que ce commencement de savoir l’aidera dans son grand effort d’émancipation révolutionnaire.