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… Je me résigne d’avance à ce que l’on m’attribue directement toutes les opinions professées par mes interlocuteurs, même quand elles sont contradictoires. Je n’écris que pour des lecteurs intelligents et éclairés. Ceux-là admettront parfaitement que je n’aie nulle solidarité avec mes personnages et que je ne doive porter la responsabilité d’aucune des opinions qu’ils expriment. Chacun de ces personnages représente, aux degrés divers de la certitude, de la probabilité, du rêve, les côtés successifs d’une pensée libre ; aucun d’eux n’est un pseudonyme que j’aurais choisi, selon une pratique familière aux auteurs de dialogues, pour exposer mon propre sentiment.

— J’entends, docteur ; et je n’adresserai ma réponse qu’à ce philosophe Euthyphron ; cet homme au sens droit, qui, dans les premiers jours du mois de mai 1871…

— Vive la Commune ! citoyen.

— … qui dans les premiers jours du mois de mai 1871, accablé des malheurs de sa patrie, se promenait dans une des parties les plus reculées du parc de Versailles, avec le philosophe Eudoxe, l’homme à la bonne opinion

— … et le philosophe ami de la vérité, le citoyen Philalèthe.

— Si ce citoyen philosophe avait parfaitement aimé la vérité, il eût opposé une résistance un peu moins complaisante aux probabilités de celui qui vint le lendemain, le deuxième jour, de Théophraste, qui sans doute parlait de Dieu.

— C’est que ce Théophraste en réalité introduisait ses probabilités sur les certitudes que ce Philalèthe avait