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duelle et collective. Les concurrentistes seraient ces bonnes gens comme nous en voyons, qui, animés eux-mêmes des sentiments les plus doux, ont gardé cependant pour la vieille concurrence un respect religieux et la veulent restituer, disposée, adaptée, honorée, au cœur de la cité socialiste. Ces derniers sont de braves gens qui n’ont jamais pu oublier les distributions de prix bourgeoises où ils furent couronnés.

— Je ne connais que trop ce que vous nommez la culture de l’électeur.

— Vous ne la connaissez pas encore assez. Vous ne pensez ici qu’à l’électeur né ou devenu ou censé devenu français, que l’on cultive pour devenir conseiller municipal, ou conseiller d’arrondissement, ou conseiller général, ou député, selon le suffrage universel. Et vous pensez encore à l’électeur devenu ou censé devenu sénatorial, que l’on cultive pour devenir sénateur, selon le suffrage restreint. Vous pensez aux élections académiques, à la cooptation. Mais vous ne pensez pas que nous avons à présent nos élections, à nous, et nos électeurs, à nous, nés ou devenus ou censés devenus socialistes. Nous cultivons à l’intérieur. Nous cultivons pour devenir délégués, selon le suffrage universel, que nous avons adopté. Nous cultivons pour devenir du Comité général, selon les lois du suffrage restreint, que nous avons introduites.

— Je crois savoir qui vous nommez les parlementaires.

— Vous ne le savez pas encore assez. Vous ne pensez qu’aux socialistes parlementaires et aux parlementaires socialistes introduits dans les Parlements bourgeois, peu à peu inclinés aux mœurs parlementaires. Vous ne