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devenir des médicaments : les émollients, par exemple, qui sont tantôt des médicaments alimentaires, tantôt des aliments médicamenteux.

L’aliment et le médicament ne sont pas des agents analogues ; leur nature chimique, leur action sur l’économie, leur destination, établissent entre eux une distinction marquée. Le caractère du premier est de faire partie constituante du sang après son absorption, de se séparer, sous l’influence du travail digestif, en deux parties : l’excrément qui est expulsé et le nutriment qui est absorbé et porté dans le sang. Il sort de l’organisme transformé, méconnaissable. Le médicament, au contraire, par sa nature le plus souvent éloignée de la composition des tissus, est impropre à faire partie du corps ; il n’est pas assimilable et, arrivé dans le sang, il le modifie sans l’enrichir pour s’éliminer ensuite avec ses caractères propres.

Quant au poison, il a la plus grande ressemblance de composition chimique avec le médicament, dont il ne diffère, d’ailleurs, que par son plus fort degré d’activité. Cela est si vrai, qu’en atténuant sa dose, on a un médicament, et qu’en forçant celle d’un médicament, on obtient un poison.

Cette distinction de l’aliment, du médicament et du poison n’a rien d’absolu. Un aliment pour une espèce devient un médicament pour une autre, comme aussi un bon aliment et un médicament inoffensifs pris en trop grande abondance sont parfois causes de désordres et de graves accidents. Cette diversité