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celle-ci à l’aversion des animaux pour les substances thérapeutiques : c’est l’intolérance gustative médicamenteuse. L’impression désagréable exercée sur le goût en est le point de départ. C’est le cas de suivre ici le principe sublatâ causâ, tollitur effectus. Atténuer les propriétés sapides, faire des remèdes flattant le sens de la gustation, telle est la conduite à suivre en pareille occurrence.

Un fait qui intéresse fortement les vétérinaires, c’est celui de l’assuétude ; il doit être pris en considération, si on ne veut rester en deçà de l’effet que l’on désire obtenir. Au début du traitement, les organes répondent promptement à l’appel d’un agent médicamenteux ; mais, après un certain temps de médication, leur excitabilité s’émousse, et de jour en jour fait place à l’insensibilité. On croirait volontiers au mutisme des organes, que le médicament ait perdu le pouvoir de les impressionner. C’est donc là l’opposé de l’éréthisme qui signifie éveil facile des organes par un médicament.

L’émétique est le meilleur exemple que l’on puisse citer de l’assuétude de l’économie aux effets des médicaments ; donné à doses progressivement croissantes il est toléré, et il faut en élever la dose à 1500 gr., chez le cheval pour qu’il y ait intoxication, tandis que 65 gr. le terrassent, s’ils sont ingérés d’emblée. Comme il est facile de le comprendre, on devra s’attacher à ne pas méconnaître cette assuétude et cela d’autant plus que l’on est toujours disposé à mettre l’inactivité de la médication