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LOUIS BRAUQUIER

Marseillais de Marseille, M. Louis Brauquier aime passionnément sa ville et il s’en est fait le poète. Le tumulte du port, sa pouillerie colorée, la lumière éclatante qui baigne sur la colline le pardon de Notre-Dame de la Garde, et cette mer palpitante qui invite perpétuellement au voyage sous les effluves épicés qui viennent du large, ont fait à M. Louis Brauquier une âme vibrante, ardente, nostalgique et chantante. Dans une poésie originale et personnelle, parfois un peu rocailleuse, mais toujours pleine d’une étrange saveur, il a peint sa ville à l’eau-forte et traduit en de curieux accents la mélancolie des rêves et des regrets.

Louis PAYEN.

LE PETIT CAFE DES NOSTALGIES

Comme je sens monter, autour de moi, la nuit. Les lumières du port troublent le crépuscule Et les vergues des mâts épaulent l’infini.

Je suis comme un bateau, retour des canicules, Qui se balance à l’ancre et danse avec le soir, Sur un air de banjo argentin ridicule.

Les clients du petit café viennent s’asseoir, Et boivent du vermout et jouent à la manille, Je reste seul et tout rongé de désespoir

Avec les coques fatiguées ou les coquilles, Les voraces madrépores ne laissent rien Du vaisseau qui entrait dans le port de Manille.

Comme l’ivresse serait bonne. Il me revient Le souvenir brûlant de ces nuits dans les rades Chaudes à défaillir de l’océan Indien,